CHIFA
en quelques mots

CHIFA

La notion de « CHIFA », en arabe, a plusieurs sens et recouvre plusieurs réalités, physique, spirituelle et même sociale sur lesquelles nous reviendrons plus bas. En amont, nous avons pensé aux lettres qui constituent ce mot central dans la compréhension même du message de l’islam. « C », renvoie autant à la cosmogonie qu’à la cosmologie qui révèle une conception de l’univers, de son ordre et de son sens. « H » représente l’idée centrale de « l’humanisme » qui exprime l’idée non seulement de penser à la place importante de l’humain dans l’ordre de la création, mais également à une façon de réfléchir à sa dignité et au comportement que cela exige : s’intéresser à l’être humain, à l’égalité de tous les êtres, en dignité et en droit. « I » est lié à l’islam, en tant que religion et civilisation : cette référence est axial dans notre démarche mais elle n’est pas exclusive puisqu’elle nous invite à respecter la diversité, le pluralisme et l’universalisme partagé par les différentes traditions religieuses, philosophiques et culturelles. « F » est lié à l’importance des « finalités » qui donnent sens à l’être et à l’agir des êtres humains et des sociétés. La guérison et la paix sont elles-mêmes des finalités qu’il faut appréhender et développer. Enfin, le « A » complète le cycle : en miroir à la cosmologie, l’ « anthropologie » nous permet de penser notre conception de « l’homme » à l’heure des bouleversements qu’entraînent l’avancée du transhumanisme et du post-humanisme.

 

Ainsi la notion holistique de CHIFA nous renvoie aux différents domaines de la pensée humaine et nous invite à penser le Tout autant que la partie, la Création autant que l’être humain, les sociétés autant que l’individu. Notre approche et nos enseignements se donnent comme objectifs de traduire la notion de « guérison » dans toutes ses acceptions.

La Guérison

Dans son sens le plus restrictif, la notion de guérison désigne le processus qui mène de la maladie à l’espoir de recouvrer la santé. Sur les plans spirituel et psychologique, cependant, la guérison n’est pas le contraire de la maladie ; elle n’advient pas à la disparition de celle-ci. Appréhender l’essence de la guérison nous permet d’accéder à une définition plus holistique de la santé. Elle est un idéal et une quête qui révèle notre conception de l’Homme.

Un Équilibre

Depuis la naissance, au temps de l’innocence originelle, nous sommes mus par des instincts, traversés par des émotions, alors que nous apprenons chaque jour davantage et que notre conscience du monde et de nous-mêmes se forme et se façonne. Cette formation de l’être, cette maturation requièrent un équilibre entre les différentes évolutions des multiples facettes de notre personnalité en devenir. La santé, dans ce mouvement général, diversifié et complexe, n’est pas d’abord l’absence de maladie, mais plus profondément la réalisation de l’harmonie entre tout ce qui nous constitue : nos instincts, nos pulsions naturelles, nos émotions, notre conscience et notre intelligence. La santé, c’est l’harmonie de tout ce qui nous façonne et, de fait, la guérison se réalise et se vit dans cette quête de l’harmonisation de nos besoins, de nos désirs, de nos espérances, de nos valeurs et de nos aspirations. Ce mouvement ne s’arrête pas à notre individualité ; il comprend notre relation à nos semblables et à notre environnement, puisqu’ils ont un impact naturel et immédiat sur nos besoins, nos désirs et notre intelligence au sens large. Cette quête de l’harmonie est une quête de paix avec soi, avec ses frères humains et avec la Création. Pour le croyant, elle se réalise aussi dans une relation à Dieu nourrie par l’exigence, la confiance et l’amour. L’amour de ce qui est, dans l’acceptation de ce que Dieu donne, mais aussi de ce qu’Il reprend ; accompagnée de la confiance en l’Unique qui rend tout possible ; protégée enfin par l’exigence de faire de son mieux pour réaliser ce possible et parachever son initiation.

Il faut guérir. Non pas seulement de ses maladies, mais d’abord et surtout de ses déséquilibres. La maladie physique n’est qu’un aspect palpable, objectif et objectivé d’un dysfonctionnement du corps. Pour le médecin du corps, guérir c’est retrouver l’état originel, le bon fonctionnement des organes et ainsi éliminer le mal qui perturbe l’équilibre physique.

Une rÉalité Spirituelle et Psychologique

L’illustration par l’organique nous permet d’accéder plus aisément à la réalité spirituelle et psychologique. Nous naissons certes innocents, mais pas immédiatement en « bonne santé » psychique et émotionnelle. Avant même de naître, il était une vie utérine, la vie avant la vie que, déjà, nous appelons vie. À chacune des étapes de notre formation, la dépendance physique a diminué, sans que jamais elle ne fasse disparaître la dépendance affective et psychique. Qui peut savoir si, pendant ces premiers jours, ces premières semaines, ces premiers mois, nous avons connu l’équilibre ou ressenti le bien-être et la paix ? Qui peut savoir combien nous portons de blessures héritées, de mal-être transmis à l’insu même de nos parents, de déséquilibres entre les émotions qui nous constituent et notre conscience qui, étape après étape, se forme ?

 La quête de la « pleine santé »

La quête de la « pleine santé » – la santé physique, psychique et spirituelle – exige un retour à la source. Revenir à soi, aux premières années de son existence, considérer ce que l’on nous a transmis, les déséquilibres douloureux autant que les saines aspirations, les blessures autant que les joies, les manques autant que les dons. Chercher son équilibre et, sans être « malade », s’attacher à « guérir » de ses fêlures, de ses manques et de ses dysfonctionnements apparents et cachés. En soi-même et en relation avec soi, avec Dieu, avec ses semblables, avec la Nature comme avec l’ensemble de la Création, le visible et l’invisible. Aller à Dieu, c’est revenir à soi : la guérison est ce retour et cette quête. La santé n’est donc pas l’absence de maladie, mais la réalisation de l’équilibre et de la quiétude intérieurs. Ceux-ci ne peuvent aucunement s’accomplir sans être également en harmonie avec autrui et la Nature. Le mot « paix » (salam) révèle le sens holistique de la pleine santé et de la guérison. Guérir, c’est être en route pour la paix.

Ainsi la notion holistique de CHIFA nous renvoie aux différents domaines de la pensée humaine et nous invite à penser le Tout autant que la partie, la Création autant que l’être humain, les sociétés autant que l’individu. Notre approche et nos enseignements se donnent comme objectifs de traduire la notion de « guérison » dans toutes ses acceptions.

Solidarité

CHIFA, par son programme de recherche et d’enseignement, aimerait contribuer à l’élaboration d’une réflexion autour des thématiques susmentionnées. Pour compléter cet engagement éducatif, nous avons également créé, au sein de l’association CHIFA, une structure engagée dans le travail social concret et quotidien. : CHIFA – SOLIDARITÉ. Il s’agirait de se concentrer sur la réalité carcérale, l’accompagnement des migrants et l’encouragement à l’éducation partout dans le monde. Il s’agira autant de rassembler des témoignages que de collecter des fonds pour soutenir les migrants ou pour fournir du matériel scolaire. Un pourcentage (15%) des frais d’inscription de nos étudiants sera directement affecté à ce fond de solidarité. Cet engagement concret permettra de compléter l’approche holistique que nous appelons de nos vœux en équilibrant comme il se doit les approches théorique et pratique.

Notre équipe

Pôles pédagogique, administratif, technique et solidarité :

Fanny Bauer-Motti, Iman Ramadan, Maryam Ramadan, Ibrahima Traoré, Michael Gunga, Tariq Ramadan